Han, Zhiwei. (2022) Description du lexique spécialisé chinois et constitution d’une ressource didactique adaptée pour locuteurs non sinophones. Thèse de doctorat présenté à l’Université de Montréal, Montréal. [PDF (36,2 Mo)]
L’enseignement-apprentissage du lexique spécialisé chinois est un chemin semé d’obstacles. Pour les apprenants non natifs, les combinaisons lexicales spécialisées (CLS) (L’Homme, 2000) soulèvent des difficultés syntaxico sémantiques et représentent ainsi un défi majeur dans l’acquisition de compétences lexicales. On recense, toutefois, peu de propositions méthodologiques pour résoudre ces difficultés dans la littérature consacrée à la didactique du chinois sur objectifs spécifiques (COS) (Q. Li, 2011). Dans cette recherche, nous nous attachons à explorer de quelle manière une méthode de description lexicale basée sur une représentation sémantique et syntaxique assiste les apprenants non natifs dans la résolution des problèmes lexicaux soulevés par les CLS. Notre thèse vise à concevoir une méthode de description des CLS en vue de la résolution de difficultés lexicales par les locuteurs non sinophones. La méthode mise au point est appliquée à l’élaboration du dictionnaire CHINOINFO, une ressource lexicale chinois-français portant sur le domaine de l’informatique. Cette ressource s’adresse aux apprenants francophones du chinois. L’objectif secondaire de notre thèse consiste à évaluer l’efficacité du CHINOINFO auprès des apprenants francophones qui reçoivent une formation de chinois dans un établissement universitaire au Québec ou en Chine. Notre recherche fait appel à des notions empruntées à trois cadres théoriques. Premièrement, la Lexicologie explicative et combinatoire (Mel’čuk et al., 1995) nous sert d’appui théorique pour fonder la description des CLS sur la représentation sémantique du lexique spécialisé. Deuxièmement, notre démarche de collecte et d’analyse des CLS est guidée par l’approche lexico sémantique à la terminologie (L’Homme, 2020a). Enfin, nous nous appuyons sur l’approche cognitive en didactique des langues secondes (Chastain, 1990) pour envisager une présentation structurée des connaissances lexicales. Notre démarche méthodologique s’est déroulée en trois phases. Nous avons d’abord assemblé un corpus spécialisé chinois pour en extraire un échantillon de CLS et les renseignements permettant de les décrire. L’analyse des données collectées à partir du corpus nous a amenée à anticiper trois types de difficultés syntaxico-sémantiques soulevées par les CLS : 1) distinguer les acceptions d’un polysème dans différentes CLS; 2) différencier les sens distincts de CLS de forme identique; 3) choisir les cooccurrents appropriés d’un terme. À la deuxième phase, nous avons mobilisé différentes stratégies pour décrire les propriétés syntaxico-sémantiques des CLS. Une méthode descriptive intégrant les solutions proposées a ensuite été appliquée à la création du CHINOINFO. Cette ressource en ligne répertorie 91 termes fondamentaux du domaine de l’informatique, pour lesquels nous avons encodé au total 282 termes reliés et 644 CLS. La structuration des données au sein des articles s’est largement inspirée de l’adaptation du DiCoInfo (Observatoire de linguistique Sens-Texte, 2022) à un dictionnaire d’apprentissage (Alipour, 2014). Différents moyens techniques ont été mis en œuvre pour assurer la convivialité de la ressource. La dernière phase de notre recherche consiste en une expérimentation comparative visant à évaluer l’efficacité pédagogique du CHINOINFO. Nous avons fait passer un test lexical à deux groupes d’apprenants francophones, soit le groupe contrôle (GC) et le groupe expérimental (GE), en leur proposant un nombre d’outils de référence. Seul le GE a eu accès à CHINOINFO. Nous avons aussi collecté, au moyen de questionnaires de sondage, le profil des participants ainsi que leur appréciation sur le test et les outils de référence proposés. De manière générale, l’analyse comparative des résultats du test lexical montre que le GE a mieux réussi à résoudre les trois types de difficultés soulevées par les CLS. Les participants étaient plutôt satisfaits de l’organisation du test. Le GE a eu moins de difficultés à réaliser le test puisqu’il se sentait mieux outillé pour trouver des éléments de réponses aux questions du test par rapport GC. Le GE s’est exprimé favorablement quant à l’utilité du CHINOINFO pour résoudre les problèmes lexicaux dans le cadre de notre expérimentation. Pour conclure, les résultats de notre analyse fournissent des indices sur l’apport du CHINOINFO en tant qu’une ressource d’apprentissage des CLS, ce qui laisse entrevoir l’intérêt de la méthode de description lexicale que nous avons proposée dans un contexte pédagogique.